Est que vous-vous êtes déjà demandé quel était le point commun entre une théière, un pré et des chaussures en cuir ?
Non, ce n’est pas un pique-nique.
C’est une vache. Aux grands yeux bruns et doux, une vache placide et qui meugle. Comme celle-ci (ou celui-ci, c’est difficile à dire juste avec la coupe de cheveux).

Enfin, « qui meuglait ».
L’une des plus prestigieuse et onéreuse porcelaine tendre sur le marché contient au moins 30 % de cendre de poudre d’os bovine. Elle a pris le nom de « porcelaine à la cendre d’os » (très laid, comme nom) ou de « porcelaine anglaise » (bien mieux pour le marketing mais assez peu précis sur sa composition).
Ajoutez-y une louche de kaolin, une touche de feldspath, une pincée de quartz, un chouia de mica, un peu d’eau et voilà : vous obtenez une pâte d’un blanc aveuglant, résistante, dur et translucide qui peut rivaliser avec les plus belles porcelaines de Chine sans l’inconvénient du voyage.
Pour ceux d’entre vous, chers lecteurs, qui sont des geeks-potiers : la cendre de poudre d’os est composée principalement d’oxyde de calcium et d’hémipentoxyde de phosphore. Pour faire court, la cendre d’os va agir comme un fondant qui abaisse la température de fusion des autres composants et en permet la liquéfaction en une phase vitreuse.
Pour les autres : la poudre de cendre d’os permet de créer un matériau presque similaire au verre après cuisson.
Thomas Frye (1710-1762) est le premier à développer un processus industriel qui utilise une pâte à base de poudre d’os dans sa manufacture de Bow, près de Londres.
Puis, la recette est affinée et perfectionnée par Josiah Spode (1733-1797) à Stoke-on-Trent où elle acquiert la stabilité et le raffinement qu’on lui connaît aujourd’hui. C’est aussi de Stoke que la production de porcelaine à la cendre d’os va progressivement se diffuser à travers toute l’Europe avant que d’autres manufactures ne s’emparent de la formule et ne la développe à leur tour.
Durant la première moitié du XXᵉ siècle, les porcelaines à la cendre d’os ou « porcelaines anglaises » est l’un des « must have » des listes de mariage, malgré leur prix qui étaient -et qui restent- très élevés.
