Anatomie d’une assiette

Avez-vous déjà regardé une assiette de près ?

Ne soyez pas cynique, je sais que je ne suis pas un cas isolé.

Nous les utilisons tous les jours, nous les voyons partout, mais nous n’y faisons attention que pour quelques secondes au mieux.
Il existe des assiettes pour « les invités », pour différents mets, ou encore pour des occasions particulières et dans tous les matériaux possibles. Nos assiettes ont aussi toutes les formes et les décors imaginables.

Sous une forme ou sous une autre, les assiettes et autres plats font partie de nos vies depuis que nous avons appris à cuisiner et à partager nos repas.

Nous aimons les assiettes. Nous utilisons des assiettes. Nous voulons des assiettes !

Cependant, si nous devions décrire notre assiette idéale, nous serions rapidement limités par notre vocabulaire limité et réduits à des périphrases comme « la partie qui remonte » ou le bord extérieur, mais pas tout à fait à l’extérieur ».

Heureusement, les fabricants d’assiettes et les spécialistes ont développé un lexique précis très facile à utiliser.

Et maintenant, mettons tout cela en pratique !

Comment décririez-vous cette assiette ?

Réponse :

Tout d’abord, respirez. Tout va bien se passer.

Puis, ne soyez pas impressionné par le décor et gardez bien en tête les différentes zones et les séparations entre le bassin (le fond), le talus (la partie qui remonte) et le marli (la partie la plus haute).

Commencez par le centre et allez doucement vers l’extérieur en identifiant bien les éléments pour, vous repérer.

Pour aboutir à quelque chose comme ça :

C’est un plat en céramique, de forme ovale, orné de décors naturalistes qui évoquent un étang.
Le bassin (!) montre un serpent entouré de poissons vus de dessus. Du bas du talus partent des rinceaux végétaux et des branches qui remontent sur le marli. Il y a une grenouille prostrée sur la gauche et une écrevisse sur la droite. Sur le marli, des lézards en semis ronde-bosses semblent musarder, au milieu des feuilles et des branches. Il y a un serpent lové sur le quart inférieur droit. Tout le plat est recouvert de coquillages et de petits galets, du bassin au marli.

Ne vous fâchez pas ! Un plat n’est rien d’autre qu’une grande assiette ! Nous restons en terrain connu !
Comme la plupart des pièces issues des ateliers de Bernard Palissy, ce plat n’est évidemment pas prévu pour contenir de la nourriture. Ce type de céramique avait deux objectifs : montrer les merveilles naturelles et souligner la richesse de leur propriétaire.
Il s’agissait de pièces luxueuses (et dispendieuses !).

Point Bonus : la notice de ce plat conservé au Metropolitan museum mentionne la présence d’un dytique. Je n’ai pas réussi à le localiser. Bravo à vous si vous l’avez repéré !

Si cette pièce étrange vous intrigue, vous pouvez en lire plus sur celui qui a initié ce style sur cette page dédiée à l’artiste. Vous pouvez aussi vous accorder un moment de calme, attraper une tasse de thé et vous plonger dans cet ouvrage qui retrace sa vie.