FAQ

#Conservation
La définition communément admise du patrimoine culturel est la suivante :
Conserver un élément, c’est le retirer de son cycle de vie naturel (création, utilisation, destruction) . Les raisons du choix de conserver tel ou tel élément sont dictés par une volonté sociale, humaine, de se rappeler, de garder les traces physiques de quelque chose. Il y a autant de façon et de raisons de conserver les choses qu’il y a de personnes qui font ce choix.
La définition continue ainsi :
« Le patrimoine fait appel à l’idée d’un héritage légué par les générations qui nous ont précédés, et que nous devons transmettre intact ou augmenté aux générations futures, ainsi qu’à la nécessité de constituer un patrimoine pour demain. On dépasse donc largement la simple propriété personnelle (droit d’user « et d’abuser » selon le droit romain). Il relève du bien public et du bien commun. »
Cette vision universel de l’importance des biens du patrimoine culturel est relativement récente. Elle remonte grosso modo au XIVeme siècle, aux prémices de l’humanisme sur fond de Renaissance Italienne. Depuis, ces biens sont progressivement passés du statut de « trésor privé » à celui de « biens communs ».
Contrairement à ce que l’on peut croire, particulièrement dans notre ère digitale, les premiers devoirs de la conservation du patrimoine sont d’ordre intellectuels et non matériels. Elle se doit de préserver les histoires qui entourent les objets, leurs contextes dans la plus large acception possible. Conserver physiquement un objet n’est que la partie émergée de l’iceberg !

#Conservation-Restauration
Passons maintenant à la conservation physique des éléments.
Selon la définition de l’ICOM, la restauration regroupe: « toutes les mesures et actions ayant pour but la protection des éléments tangibles du patrimoine culturel qui assure sa préservation pour les générations présentes et futures […] Toutes [ces] mesures et actions doivent respecter le sens et l’intégrité physique de l’objet appartenant au patrimoine culturel… »
Oui, « tangible » et « physique » dans le même paragraphe peuvent faire l’effet d’un piège tendu au lecteur.
Mais, pensez un instant à ce qui fait que vous gardez près de vous certains « souvenirs ».
Est-ce parce que vous aimez leurs formes et leurs couleurs ? Parce qu’ils vous rappellent un moment particulier, un endroit chéri ? Sans doute un peu des deux : d’où l’inclusion dans la définition de la notion de « sens ».
Pour vous dévoiler un petit secret, c’est cette notion de « sens » qui pose le plus de problèmes lors d’une opération de restauration.
La conservation-restauration dispose de deux bras armés particulièrement puissants : la restauration et la conservation préventive.

#Restauration
Toujours selon l’ICOM : « La restauration sont toutes les actions qui sont directement appliquées à un objet physique et qui ont pour but de faciliter son appréciation, sa compréhension et son usage. Ces actions ne sont envisageables que lorsque l’objet a perdu une partie de sa signification ou de sa fonction à cause d’altérations ou de détériorations… »
C’est l’image classique que nous avons tous de la restauration du patrimoine. Plus précisément, ce que nous pensons comme « restauration » est en fait de la « conservation curative » et dans certains cas seulement de la « restauration ».
Capillotracté ?
Un peu.
Mais il s’agit véritablement de deux types d’actions à la portée différente.
Le concept de «conservation curative » est né officiellement à New Delhi en 2008 dans un texte qui vient préciser celui de référence cité plus haut:
« La restauration sont toutes les actions qui sont directement appliquées à un objet physique et qui ont pour but de faciliter son appréciation, sa compréhension et son usage. Ces actions ne sont effectuées sur l’objet ou le groupe d’objet que s’il s’agit d’endiguer leur dégradation ou de renforcer leur structure. Elles ne sont envisageables que lorsque les éléments en question sont dans un état si fragile ou qu’ils se dégradent de telle façon qu’ils sont perdus à plus ou moins long terme. Ces actions peuvent parfois modifier l’apparence des objets… »
Par exemple, dessaler une céramique parfaitement conservée mais remontée d’une épave dans un bain de traitement permet d’éviter son éclatement certain par l’action des sels marins si elle était mise au sec immédiatement.
La restauration est différente. Dans le cadre de l’activité d’un musée ou d’une collection publique, c’est une opération rare, profonde et longuement débattue. Elle permet de rendre « la lisibilité de l’objet ». C’est à dire lui rendre une signification qu’il a perdu pour une raison ou une autre et ainsi permettre sa compréhension.
Par exemple, un vase brisé en mille morceaux n’a plus le même sens : ce n’est plus un contenant pour de l’eau et des fleurs mais une pile de tessons de céramique. Le remonter pièce par pièce dans un puzzle en trois dimensions qui permet de lui rendre sa forme d’origine va lui rendre son essence : c’est un vase !
Cette opération est une restauration.
Les mots pour désigner ces actions sont récents – et parfois un peu perturbants-. Ces actions, en revanche, sont anciennes.
Elles nécessitent le plus souvent des pinceaux, des scalpels, des colles de toutes formes et de tous les types, des couleurs, de la patience et une bonne playlist.
Oh, et une aversion aussi profonde que violente à la poussière.

#Conservation Préventive
Là encore, il s’agit d’un concept récent plaqué sur une pratique très ancienne. Les textes liés à la construction de la bibliothèque d’Ephèse (vers 115) font par exemple mention d’actes de conservation préventive.
La définition de la conservation préventive est la suivante : « …[ce] sont toutes les actions et les mesures prises pour empêcher ou amenuiser les pertes ou détériorations [qui pourraient frapper les objets du patrimoine culturel]. Elles ont pour cadre le milieu et la structure qui abrite l’objet à préserver, souvent plutôt le groupe d’objet, quelque soit leur age ou leur état. Ces mesures et actions sont indirectes, elles doivent respecter la structure et les matériaux des objets. Elle ne modifient pas leurs apparences… ».
Le champ d’action de la conservation préventive concerne tous les aspects de la vie des objets et des collections : de la préservation des contextes et des éléments liés à la compréhension du sens des objets, la préservation des matériaux dont ils sont composés ou encore les préconisations d’exposition et d’accompagnement lors de la médiation.
Pour faire court, il s’agit de bon sens appliqué. Pour faire moderne, appelons cela de l’« UX design » à destination des biens du patrimoine culturel.

#Préservation
Nouvel arrivé dans les discours de conservation, principalement du fait de son utilisation en langue anglaise.
Voir #conservation #conservation-restauration et #médiation.
Cette notion recoupe les trois tout en en étant plus floue.
Mais elle rend bien visuellement dans un joli discours.
Sic transit gloria mundi etc.

#Mediation
«Le Louvre définit la « médiation » comme l’ensemble des outils et des ressources utilisés pour créer une relation entre le visiteur et l’œuvre : expositions, catalogues et le travail des conservateurs sont les principales facettes de la médiation culturelle d’un musée mais le terme s’applique aussi aux conférences, visites guidés, ateliers et installations dans le musée. Pour résumer, ce sont les différents canaux qui permettent de fournir des informations au visiteur, et qui, de fait, sous-tendent et nourrissent sa rencontre avec l’œuvre d’art qu’il voit ».
Pour faire court, il s’agit de tout ce qui permet de comprendre un objet et d’aller au-delà de sa simple apparence physique.
Pour faire encore plus court, c’est la gentille dame qui vous a raconté tout plein de chouettes histoires pendant cette visite scolaire d’un musée alors que vous étiez persuadé que vous alliez vous ennuyer.
Absolument.
#On t’a reconnu.